Evgenia Arbugaeva à Marsoui

EXPOSITION : TIKSI

Parc A.- Couturier | Marsoui
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Evgenia Arbugaeva, Iakoutsk (Russie) | www.evgeniaarbugaeva.com

Elle est née en 1985 à Tiksi, une ville arctique russe. Âgée de huit ans lors de la chute de l’Union soviétique, sa famille déménage à Iakoutsk, la ville subarctique aux températures hivernales les plus rigoureuses. Dix-huit ans plus tard, imprégnée de « souvenirs d’enfance surréels », elle retourne à Tiksi pour y saisir ce lieu unique au « milieu de nulle part ».

Evgenia Arbugaeva détient un baccalauréat en gestion des arts de l’université internationale de Moscou et a complété en 2009 le programme de photojournalisme et photographie documentaire du centre international de photographie.

EXPOSITION AUX RENCONTRES : TIKSI

« Il était une fois dans une petite ville de Sibérie, sur les rives de l’océan Arctique, une petite fille, dans un lit douillet, qui s’éveille au sortir d’un rêve. Même si c’est le matin, il fait encore nuit dehors, car dans cette petite ville située très au nord, le soleil n’apparaît pas pendant plusieurs mois. C’est la nuit polaire.

« La petite fille se frotte les yeux et s’habille dans le noir. Elle met son manteau rose et son bonnet de laine rouge et va dehors. Le souffle figé par le froid, elle marche vers l’école. Il n’y a autour d’elle que des champs infinis de toundra gelée. Ces champs n’ont pas la blancheur que vous imaginez. Les aurores boréales illuminent le ciel, comme un immense sillage vert gelé, et enveloppent la petite fille de magnifiques couleurs. La neige se pare de vert. Et certains matins, si elle est chanceuse, elle aperçoit même des éclats de bleu, de jaune et de rose en se rendant à l’école.

« Elle adore ces couleurs, marcher à travers elles stimule son imagination. Elle imagine que les champs sont des toiles blanches que peint Mère Nature. Qu’en est-il d’elle? Fait-elle partie elle aussi de la toile, avec son manteau rose et son bonnet rouge?

« Elle sourit et rêve à la fin de la nuit polaire, lorsque le soleil réapparaît et commence à éclairer doucement les montagnes enneigées, les faisant ressembler à de la crème glacée aux bleuets. Elle rêve aussi à la venue de l’été, à la fonte de la neige, à la toundra qui se transformera en planète Mars avec ses couleurs dorées semblant s’étendre à jamais dans toutes les directions.

« Elle se dit : “chaque saison a ses couleurs”. Elle emmagasine toutes ces couleurs dans son cœur et marche sous l’aurore boréale, dans cette petite ville, loin au nord.

« Cette petite ville, c’est Tiksi. »

- Evgenia Arbugaeva